samedi 17 décembre 2016

La mort du Cardinal Arns, une grande figure de l’Amérique latine

Archevêque émérite de São Paulo, le cardinal Paulo Evaristo Arns est mort mercredi 14 décembre à São Paulo (Brésil) trois mois exactement après avoir fêté ses 95 ans. Figure de l’Église brésilienne, il n’avait jamais eu peur de prendre la parole. Il se fait remarquer par ses prises de position sans concession contre la dictature militaire, dénonçant l’usage de la torture. Il participe d’ailleurs à faire sortir du pays des photocopies de documents gouvernementaux prouvant son utilisation par les militaires. Défenseur acharné de l’option préférentielle pour les pauvres, il vend le palais épiscopal pour construire des logements sociaux et n’hésite pas à affronter la Curie romaine à qui il reproche, notamment, sa bureaucratie, le morcellement de son diocèse en cinq morceaux, présidés par des évêques conservateurs, pour gêner son action ou la façon dont a été traité le théologien de la libération Leonardo Boff. Le successeur du cardinal Arns, Mgr Moreira Neves suscita l’incompréhension en dénonçant le préservatif pour éviter le sida.
Voici le témoignage de Eduardo Boff (le frère de Leonardo)
http://nsae.fr/2016/12/17/le-cardinal-pablo-evaristo-arns-professeur-intellectuel-raffine-ami-des-pauvres/
« Personnellement, je lui suis profondément reconnaissant de m’avoir accompagné dans le procès doctrinal fait contre moi par l’ancien Saint-Office en 1982 à Rome sous la présidence du cardinal Joseph Ratzinger. Dans le dialogue qui a suivi mon interrogatoire, entre le cardinal Ratzinger, le cardinal Lorscheider et le cardinal Arns, auquel j’ai également participé, il a, avec courage, dit clairement au cardinal Ratzinger : « Ce document, que vous avez publié il y a une semaine sur la Théologie de la Libération ne correspond pas aux faits, des faits que nous connaissons bien. Cette théologie est bonne pour les fidèles et pour les communautés. Vous avez pris la vision des ennemis de cette théologie, qui sont les militaires latino-américains et les groupes conservateurs de l’épiscopat, mécontents de l’évolution, dans la pastorale et les façons de vivre la foi, que ce genre de théologie implique ». Et il a ajouté: « J’attends de vous un nouveau document, positif cette fois, qui reconnaisse cette façon de faire la théologie à partir de la souffrance des pauvres et en fonction de leur libération. » Et ce fut ainsi, trois ans plus tard »