samedi 28 janvier 2017

Les Réseaux du Parvis, vous connaissez ?

Les Réseaux du Parvis sont composés d’une quarantaine d’associations françaises, catholiques d’ouverture, protestants libéraux, unitariens, rassemblant près de 7 à 10 000 chrétiens. Malgré leur grande diversité, ils se retrouvent autour de valeurs communes qui leur sont fondamentales : la fidélité au message de l’Évangile, la primauté de l’humain et des chemins d’humanisation, la nécessité du dialogue et du débat, la fraternité humaine et la solidarité face à toutes les exclusions, la liberté de recherche spirituelle et théologique.
Précisons quelques termes. Le moins connu, ce sont les unitariens qui sont des chrétiens qui ne croient pas au dogme de la Trinité. Les catholiques d’ouverture ce sont des catholiques qui sont imprégnés de l’esprit d’ouverture insufflé par Vatican II et qui sont allergiques à la crispation identitaire, aux nostalgiques d’un passé à jamais révolu, à la vision dogmatique et hiérarchique de l’Eglise d’avant Vatican II, à un certain piétisme. Les protestants libéraux sont dans le même état d’esprit en réaction à certaines visions conservatrices des Eglises historiques protestantes.
A Parvis se rencontrent des cathos de gauche et des chrétiens de sensibilité moins progressiste, des croyants que trop de déceptions ont éloignés des institutions ecclésiastiques ainsi que des fidèles qui restent très actifs dans l’Église. Mais il n’y a aucun tri à opérer. C’est la tension inhérente à cette diversité qui féconde le mouvement et qui permet de dépasser l’hétérogénéité et les oppositions pour engendrer la foi et les engagements. Cependant, les membres de la Fédération des Réseaux du Parvis se définissent plutôt comme chrétiens à gauche que comme chrétiens de gauche. Quand les sociologues parlent « de chrétiens de gauche », ils reconnaissent que tous les chrétiens ne le sont pas. Et, de fait, selon les instituts de sondage les « chrétiens de droite » sont plus nombreux que les premiers. Ces divergences d’ordre politique ne sont pas étrangères à des interprétations différentes des textes bibliques en fonction des désirs des uns et des autres. C’est ainsi qu’à une certaine presse que titrait « Jésus revient ? » les chrétiens du Parvis ont répondu « Non, Jésus est toujours là ». Ils redoutent le risque d’amalgame qui conduirait à confondre l’ensemble des catholiques, malgré la diversité de leurs choix et de leurs opinions, avec le courant qui peut apparaître comme celui qui soutient une politique au profit des riches et au détriment des pauvres.
Les chrétiens du Parvis considèrent que l’Évangile est une parole vivante qui interpelle chaque personne qui accepte d’être à son écoute. Cette interpellation doit déboucher sur une réflexion partagée afin de faire advenir une société de justice et de paix. Autant les catholiques conservateurs se réfèrent à une tradition catholique censée être immuable, autant les progressistes sont ouverts à toutes les personnes de mêmes convictions, qu’elles soient croyantes, agnostiques ou athées. Depuis le concile Vatican II, ils considèrent aussi que le peuple des baptisés a des droits et que c’est démocratiquement que la communauté chrétienne exerce ses fonctions d’enseignement, de célébration et de diaconie.
Sur les Parvis, ses membres sont des veilleurs et des passeurs qui ont fait le choix d’une démarche humaniste, démocratique, dynamique et ouverte au monde, plurielle et communautaire. Ils ont l’Évangile dans une main et les droits de l’homme dans l’autre. Leurs engagements actuels vont du souci de l’application et de la réactualisation de Vatican II, à l’ouverture à l’Évangile et aux chemins d’humanisation, avec une attention croissante accordée aux dimensions écologiques et politiques des problèmes, dans un contexte désormais de plus en plus sécularisé et pluraliste. La sécularisation et la mondialisation bousculent les conditions d’une annonce crédible de l’Évangile. Le sort du christianisme historique et de l’Évangile dans le cœur et l’esprit des hommes exige aussi des engagements prophétiques hors les murs ou, comme le dit le pape François, à aller à la périphérie.

Georges Heichelbech, président de la Fédération des Réseaux du Parvis