Les Réseaux du
Parvis sont composés d’une quarantaine d’associations françaises, catholiques
d’ouverture, protestants libéraux, unitariens, rassemblant près de 7 à 10 000
chrétiens. Malgré leur grande diversité, ils se retrouvent autour de valeurs
communes qui leur sont fondamentales : la fidélité au message de l’Évangile, la
primauté de l’humain et des chemins d’humanisation, la nécessité du dialogue et
du débat, la fraternité humaine et la solidarité face à toutes les exclusions,
la liberté de recherche spirituelle et théologique.
Précisons
quelques termes. Le moins connu, ce sont les unitariens qui sont des chrétiens qui ne
croient pas au dogme de la Trinité. Les catholiques d’ouverture ce sont des
catholiques qui sont imprégnés de l’esprit d’ouverture insufflé par Vatican II
et qui sont allergiques à la crispation identitaire, aux nostalgiques d’un
passé à jamais révolu, à la vision dogmatique et hiérarchique de l’Eglise
d’avant Vatican II, à un certain piétisme. Les protestants libéraux sont dans
le même état d’esprit en réaction à certaines visions conservatrices des
Eglises historiques protestantes.
A Parvis se
rencontrent des cathos de gauche et des chrétiens de sensibilité moins
progressiste, des croyants que trop de déceptions ont éloignés des institutions
ecclésiastiques ainsi que des fidèles qui restent très actifs dans l’Église. Mais
il n’y a aucun tri à opérer. C’est la tension inhérente à cette diversité qui
féconde le mouvement et qui permet de dépasser l’hétérogénéité et les
oppositions pour engendrer la foi et les engagements. Cependant, les membres de la Fédération
des Réseaux du Parvis se définissent plutôt comme chrétiens à gauche que comme
chrétiens de gauche. Quand les sociologues parlent « de chrétiens de
gauche », ils reconnaissent que tous les chrétiens ne le sont pas. Et, de fait,
selon les instituts de sondage les « chrétiens de droite » sont plus nombreux
que les premiers. Ces divergences d’ordre politique ne sont pas étrangères à
des interprétations différentes des textes bibliques en fonction des désirs des
uns et des autres. C’est ainsi qu’à une certaine presse que titrait
« Jésus revient ? » les chrétiens du Parvis ont répondu
« Non, Jésus est toujours là ». Ils
redoutent le risque d’amalgame qui conduirait à confondre l’ensemble des
catholiques, malgré la diversité de leurs choix et de leurs opinions, avec le
courant qui peut apparaître comme celui qui soutient une politique au profit
des riches et au détriment des pauvres.
Les chrétiens
du Parvis considèrent que l’Évangile est une parole vivante qui interpelle
chaque personne qui accepte d’être à son écoute. Cette interpellation doit
déboucher sur une réflexion partagée afin de faire advenir une société de justice
et de paix. Autant les catholiques conservateurs se réfèrent à une tradition
catholique censée être immuable, autant les progressistes sont ouverts à toutes
les personnes de mêmes convictions, qu’elles soient croyantes, agnostiques ou
athées. Depuis le concile Vatican II, ils considèrent aussi que le peuple des
baptisés a des droits et que c’est démocratiquement que la communauté
chrétienne exerce ses fonctions d’enseignement, de célébration et de diaconie.
Sur les
Parvis, ses membres sont des veilleurs et des passeurs qui ont fait le choix
d’une démarche humaniste, démocratique, dynamique et ouverte au monde,
plurielle et communautaire. Ils ont l’Évangile dans une main et les droits de
l’homme dans l’autre. Leurs engagements actuels vont du souci de l’application
et de la réactualisation de Vatican II, à l’ouverture à l’Évangile et aux
chemins d’humanisation, avec une attention croissante accordée aux dimensions
écologiques et politiques des problèmes, dans un contexte désormais de plus en
plus sécularisé et pluraliste. La sécularisation et la mondialisation
bousculent les conditions d’une annonce crédible de l’Évangile. Le sort du
christianisme historique et de l’Évangile dans le cœur et l’esprit des hommes
exige aussi des engagements prophétiques hors les murs ou, comme le dit le pape
François, à aller à la périphérie.
Georges
Heichelbech, président de la Fédération des Réseaux du Parvis